Catégorie : Cheikh al-‘Alâwî

Bibliographie : Le cheikh Ahmad al-‘Alâwî

Né en 1873 ou 1874 à Mostaganem, dans l’Algérie coloniale, Ahmad Benalioua – nommé par la suite « cheikh al-‘Alâwî » (m. 1934) – est un autodidacte au génie spirituel précoce. Il assume rapidement la fonction de maître-éducateur, au sein de la voie (tarîqa) ‘Alâwiyya dont il est le fondateur. Celle-ci, issue de la tradition Shâdhiliyya-Darqâwiyya, connait alors une expansion fulgurante. De nos jours encore, l’influx initiatique du cheikh rayonne dans le monde, à travers les nombreuses ramifications de la voie-mère.
Éric Geoffroy nous a livré ses conseils de lecture au sujet du cheikh al-‘Alâwî, suite à la conférence du 17 octobre 2021.

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Le cheikh Ahmad al-‘Alâwî, poète de l’Essence

Par Eric Geoffroy
Le cheikh al-‘Alâwî (m. 1934) a été et est encore qualifié par beaucoup de « revivificateur de la Voie soufie » (mujaddid al-tasawwuf), et lui-même a fait allusion à cette fonction. …On ne connait parfois de son œuvre que les poèmes de son Dîwân[2], que certains chanteurs ‘‘profanes’’ ont même intégré à leur répertoire. Ils sont abondamment chantés lors des séances de samâ‘ tenues par les soufis appartenant à diverses confréries…

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Un Mystique Moderniste : Le cheikh Ahmad al-‘Alâwî

Par Augustin Berque
Cheikh Benalioua était d’apparence chétive. Mais il émanait de lui un rayonnement extraordinaire, un irrésistible magnétisme personnel. Son regard agile, lucide, d’une singulière attirance, décelait l’habileté du manieur d’âmes et la force orgueilleuse sûre d’elle-même. Très affable, courtois, en retrait, tout de nuances et d’attitude volontiers conciliante, il réalisait à merveille le type du marabout déjà évolué. On sentait en lui une volonté tenace, une ardeur subtile qui, en quelques instants, consumait son objet.

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Poème du cheikh al-‘Alâwî : Dam’i mihtâl min ‘ayni madhahâ

De fait, on peut porter au crédit des soufis leur amour intense et exalté pour le Prophète, eux qui sont à l’origine de la célébration de son « anniversaire » (mawlid), au XIIe siècle. Ce sont les innombrables poèmes et chants qu’ils ont composés pour louer l’« élu » (al-mustafâ) qui ont déterminé le genre littéraire de l’« éloge du Prophète » (madh nabawî)… La nostalgie de la présence du Prophète culmine sans doute dans ce poème du cheikh ‘Alâwî :
Les larmes ruissellent
De mes yeux épuisés par les pleurs.
Ô zéphyr du soir
Porte à Taha mon salut !

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Le cheikh Ahmad al-‘Alâwî … Rahimahu Allah

Par Frithjof Schuon
…mais comment oublier cette apparition d’un anachronisme émouvant : ce vieillard fin et grave qui semblait être sorti de l’ancien testament ou du Coran ? Vêtu d’une djellaba brune et coiffé d’un turban blanc, — avec sa barbe argentée, ses yeux de visionnaire et ses longues mains dont les gestes semblaient alourdis par le flux de sa barakah, — il exhalait quelque chose de l’ambiance archaïque et pure des temps de Sidna Ibrahim El-Kalill

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Poème du cheikh al-‘Alâwî : Sallâ Allâh ‘alayk yâ nûr

L’éloge, ou « panégyrique » (madh), a toujours été un des thèmes principaux de la poésie arabe depuis l’époque pré-islamique. Avec l’établissement des cours califales et princières de l’Empire islamique, le dithyrambe des poètes s’orienta, contre monnaie trébuchante et de façon très hypocrite, vers les gouvernants de ce monde. Le thème de l’éloge du Prophète, quant à lui, ne pouvait faire l’objet de commerce ; il se développa donc « bien loin des cours », ce qui peut aussi s’expliquer par les déficiences spirituelles des poètes « officiels ». L’éloge du Prophète n’a ainsi « trouvé de représentants réellement dévoués que parmi les soufis, l’amour étant leur seule motivation et leur unique source d’inspiration ».

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Revue de Presse : Le cheikh Ahmad al-‘Alâwî

Petit Oranais – le 6 janvier 1924

« La religion musulmane, demandai-je au Cheikh, est-elle hostile à la civilisation et au progrès actuel ?

Pas du tout. La religion musulmane est très libérale et recommande l’instruction et les sciences aussi bien dans les pays musulmans que dans les pays chrétiens. Elle met la science au-dessus des pratiques religieuses même. En lisant notre histoire, on verra que les Arabes avaient eu des architectes, des docteurs, des ingénieurs, des marins, des Salomon, d’Abraham, de Jésus-Christ. Les Arabes se sont intéressés aux civilisations anciennes, notamment à la civilisation grecque.

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Poème du cheikh al-‘Alâwî : la Lâmiyya

Lâmiyya est le poème le plus long du Dîwân du cheikh al-‘Alawî. Un poème rédigé par le cheikh en tant que support d’enseignement accessible à tous les fuqarâ’ (les « adeptes » du soufisme), quelles que soient leurs capacités et leurs origines.
Ô vous qui désirez ardemment la Présence sublime,
Renouvelez votre pacte avec nous et cherchez-en nous l’union
C’est le moment de se ressaisir, en vue de la plus illustre station,
Que Dieu soit louangé, Lui qui nous en a rendus dignes !

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Un éblouissement sans fin : Présentation des « chants » (samâ‘)

Poésie et soufisme partagent un même rapport à l’indicible et à la fulgurance de l’inspiration. L’une et l’autre concourent à la saisie de réalités spirituelles que la raison ordinaire ne peut appréhender.
Le recueil poétique ( Dîwân ) étudié ici est l’œuvre de trois maîtres soufis de la voie ‘Alâwiyya.
Les chants spirituels qui accompagnent le livre témoignent de la vivacité de cette tradition spirituelle.

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Poème du cheikh al-‘Alâwî : Hayyar lî bâlî – Le Pôle de la beauté m’a ébloui

Au-delà de la personne physique et historique de Muhammad se déploie en effet la réalité métaphysique et cosmologique du Prophète : la « Réalité muhammadienne » (al-Haqîqa al-muhammadiyya). Dans cette perspective, les nombreux prophètes envoyés tour à tour aux hommes sont autant de manifestations fragmentaires de cette « Réalité », qui ne se révèle intégralement que dans la personne de Muhammad.

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Poème du cheikh al-‘Alâwî : Danawtu min hayy Laylâ

À l’instar du Prophète, les soufis voient dans la femme le support de contemplation de Dieu le plus accompli. C’est pourquoi ils « remontent » vers Dieu, vers son « Essence la plus subtile » (al-dhât), en donnant à celle-ci, sur le mode allusif, divers prénoms féminins. Puisés dans le registre de l’amour courtois des anciens Arabes, ces prénoms cèdent parfois la précellence au pronom « Elle » (hiyâ), qui signe, dans son extrême nudité, le Féminin absolu. Les prénoms féminins les plus sollicités par nos poètes sont, en premier lieu, Laylâ, puis Lubnâ et Mayya, ou encore Salmâ, toutes symboles de l’Essence divine, et de l’Éternel féminin. D’autres poètes s’adressent encore à Hind, Su‘âd, notamment.

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Poème du cheikh al-‘Alâwî : Udhkur Allâh yâ rafîqî

Ce passage du poème « Invoque Dieu, ô compagnon » en est la meilleure illustration :
Notre liqueur est un très vieux vin
Cacheté avant Adam !
Elle nous a enivré, ô mon ami
Depuis un temps d’avant les temps !
Elle nous a fait tomber d’un sommet sublime,
De l’Être pur vers le néant.
Puis nous sommes retourné vers le Compagnon d’en haut
Par-delà le Trône et le Calame !
Nous nous sommes tenu à l’horizon suprême
Et nous sommes revêtu du monde,
Nous nous sommes caché sous les traits de la créature
Afin de ne pas être vu des humains !

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