Revue de Presse :
Le cheikh Ahmad al-‘Alâwî

Source : Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France et de ses partenaires. 

Petit Oranais  – le 6 janvier 1924

« La religion musulmane, demandai-je au Cheikh, est-elle hostile à la civilisation et au progrès actuel ?

Pas du tout. La religion musulmane est très libérale et recommande l’instruction et les sciences aussi bien dans les pays musulmans que dans les pays chrétiens. Elle met la science au-dessus des pratiques religieuses même. En lisant notre histoire, on verra que les Arabes avaient eu des architectes, des docteurs, des ingénieurs, des marins, des Salomon, d’Abraham, de Jésus-Christ. Les Arabes se sont intéressés aux civilisations anciennes, notamment à la civilisation grecque. En effet, des auteurs grecs avaient été traduits et leurs livres existent encore. Pourquoi voulez-vous que nous qui sommes contemporains de la civilisation européenne, nous ne nous intéressions pas à cette merveilleuse civilisation ? Pour ma part, il n’y a pas un jour qui ne passe sans que je recommande à mes adeptes d’envoyer leurs enfants à l’école pour y apprendre la langue française, sans que j’invite ceux qui font partie de ma secte à observer les règles de l’hygiène, à respecter les biens du voisin, à respecter les lois françaises. La religion musulmane est basée sur le respect de toutes les croyances, de la moralité et de la charité, ajoute-t-il gravement. Apprendre à conduire une automobile, s’assimiler aux merveilleux travaux de la mécanique, apprendre à réfléchir, à méditer sur tout ce qui peut procurer du bien-être à l’homme, cela n’est pas incompatible avec la religion. Pasteur, m’a-t-on dit, était un homme religieux, mais cela ne l’a pas empêché de rendre les plus grands services à l’humanité par ses merveilleuses inventions. Non ! La religion n’empêche pas l’homme d’atteindre les plus hautes cimes de la science, la religion n’est qu’un guide. Elle s’efforce à rendre l’homme meilleur en détruisant chez lui les mauvais instincts. Si Dieu avait voulu laisser l’homme abandonné à lui-même, il n’aurait pas révélé à ses nombreux prophètes l’Evangile, le Talmud, la Bible et le Coran pour guider l’homme vers le droit chemin. Nous ne faisons que rendre toujours vivaces dans l’esprit des hommes les préceptes de Salomon, d’Abraham, de Jésus-Christ et de Mahomet.

Publié le 6 janvier 1924 

Vous pouvez retrouver la publication d’origine sur le site Gallica ici. 

Les Nouvelles : journal quotidien du soir (Alger) – le 14 novembre 1926

Le rapprochement désirable
LA CONFRERIE « ALLAOUIA »

Un événement dont le retentissement peut être considérable aura lieu cet après-midi et demain dimanche, à Alger.

Les nombreux adeptes de l’importante confrérie musulmane, dite « Allaouia » vont, accourant des trois départements algériens, se réunir en assemblée générale à la mosquée de la rue Sidi-Ramdane. Leur but ? il est précisément et très bien exprimé par le programme dont on nous informe : « Permettre aux adeptes de se connaître, de s’aimer et d’entendre surtout la bonne parole, celle de la paix et de la concorde ». Mais cet événement revêt pour nous une importance plus considérable en raison de ce fait qu’il n’intéresse pas uniquement les nombreux adeptes de l’« Allaouia ».

Au cours des deux réunions qui auront lieu cet après-midi et demain dimanche, à 3 heures, un chef religieux éminent dont l’autorité est fort grande en pays d’Islam, le cheikh Benalouia, doit prendre la parole sur la philosophie du Coran. Et savez-vous quel est le thème qu’il développera ?
Pour tous ceux qui ont coutume de juger l’Islamisme sur le sectarisme ordinaire de ses fanatiques, ce ne peut être qu’avec surprise qu’ils liront l’énoncé des questions traitées. Les autres, ceux qui connaissent l’Islam véritable, né du judaïsme et du christianisme primitif, ne s’étonneront pas, mais seront heureux d’entendre le cheikh traiter de :

 1° L’origine et le fond des religions ; 

2° Les rapports et les différences des religions ; 

3° La recherche de l’amitié entre croyants.
Il est bien certain que la parole du cheikh Benalouia peut avoir une grande importance dans l’orientation de la mentalité indigène.
Nous formons des vœux pour qu’elle soit entendue.

Publié le 14 novembre 1926

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L’Echo d’Alger : journal républicain du matin – 14 août 1927

De passage. — Etait de passage, ces jours-ci, dans notre ville M. Benalioua, le vénéré cheikh de la Zaouia « El Alaouia » de Mostaganem.

Il est venu assister aux fêtes données à l’occasion du retour de la Mecque. de plusieurs pèlerins dont un membre de la famille Bendimred, bien estimé dans notre ville.

Nous avons le plaisir de nous entretenir quelques instants avec le cheikh Benalioua.

L’esprit le plus cultivé se plait à entendre le cheikh discuter sur les choses de ce monde et sur celles de l’au-delà, et même sur La civilisation actuelle.

Il ne se renferme pas comme certains cheikhs dans un fanatisme exempt de toute tolérance, au contraire pour M. Benalioua, le Progrès et la civilisation sont nécessaires aux musulmans, mais à condition que les règles de la religion soient observées.

La religion, nous a-t-il dit, quand elle est bien enseignée, elle oblige J’homme à devenir meilleur avec lui-
même et avec ses semblables et l’empêche de prendre ce qui est pernicieux dans la civilisation, à savoir la consommation de l’alcool, la luxure et les jeux de hasard.

Notre seigneur Mahomet avait tout de suite compris l’intérêt qu’il y avait à combattre au nom de Dieu, dès la naissance de l’Islamisme, ces trois plaies de la race humaine et je suis fort étonné, a dit M. Benalioua, que des pays civilisés comme la France tolèrent encore la consommation des spiritueux.

Beaucoup de nos jeunes gens se confinent dans un égoïsme coupable, continua M. Benalioua au lieu de s’adonner au sport, au lieu d’éduquer la masse par le livre, par la – parole et surtout par le bon exemple, au lieu enfin de profiter positivement des bienfaits de la civilisation que leur donne d’une façon générale la bonne France, ils préfèrent, hélas ! se livrer à des distractions qui ne servent rien moins qu’à dilapider leurs économies, à ruiner leurs forces morales et physiques et à faire de leur descendance une classe de souffreteux et de dégénérés.

Qu’ils n’oublient pas, ces jeunes gens, ajouta M. Benalioua, que si la race arabe est restée à travers les siècles, une race solide, c’est parce qu’elle n’a bu que l’eau limpide des sources et le bon lait de ses brebis.

Sur ces dernières paroles, nous avons serré la main à M. Benalioua, en lui disant que ce qu’il venait de dire fait honneur à un cheikh moderne comme lui.

Publié le 14 août 1927

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L’Écho d’Alger : journal républicain du matin – 4 juillet 1930

Retour de La Mecque

Le mercredi 2 juillet, est arrivé à Alger, par le paquebot « Lamoricière », de la Compagnie générale transatlantique, le chef de la confrérie Alaouia, Cheikh Si El Hadj Ahmed ben Mostefa Alaoui, accompagné de sa suite, composée de Si El Hadj Adda Ben Tounès. Si El Hadj Ghaoutis Benabadjï, Si El Hadj Hamid Benabadji. Le Cheikh Ahmed Alaoui revient du pèlerinage sacré de la Mecque, qui s’est accompli dans d’excellentes conditions.

De nombreuses personnalités musulmanes étaient allées accueillir le vénéré Cheikh à la gare maritime. Nous avons noté, parmi elles, le Mokaddem Si Abbès Djaziriri, Si Lakdar Amarouche, Si Mohammed Mehdi, El Hadj Hassar, El Hadj Bowjed, Mohammed Ben Attar Si El Hadj Salah Bendimered, Laredi Benguella.

Le cortège réintègra aussitôt le siège de la Zaouia, à Saint-Eugène, où le Cheikh remercia vivement tous ceux qui vinrent lui témoigner leur fidélité et leur vénération.

Publié le 4 juillet 1930

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