Il est bon chaque jour, de franchir une étape,
Ainsi de l’eau vive qui jamais ne stagne.
Hier s’est enfui, et son histoire aussi,
Il est bon d’en conter une nouvelle aujourd’hui.
(Rumi)
Dieu nous dicte Son temps, et nous nous y soumettons. Ce troisième numéro de la revue Conscience Soufie fleurit ainsi au printemps, contrevenant à sa modeste ‘‘habitude’’ d’une sortie automnale. Un retard dû aux aléas de la vie ; il est heureux que nous jouissions d’une liberté totale de publication. Point de contrainte, suivons l’Instant !
Le dossier Transmission et initiation aborde par petites touches un thème central dans le soufisme, et souvent controversé, de la fonction du cheikh, du guide, du maître spirituel. Si le Maître des maîtres est Dieu, Sa lumière se diffracte en multiples rayons. Nos auteurs, s’appuyant sur le verbe coranique et le hadith, et se ressourçant auprès des sages soufis, examinent avec justesse, et de manière parfois étonnante, cette question délicate. Il fallait oser traiter le sujet.
Ainsi, Éric Geoffroy donne un aperçu sur la fonction de maître spirituel à travers l’histoire du soufisme, et évoque quelques perspectives pour notre époque, tandis que Jean-Jacques Thibon nous éclaire sur l’émergence de cette fonction et ses modalités premières. Nahid Shahbazi explique sa portée initiatique à travers l’enseignement imagé de Rumi, et Grégory Vandamme expose avec finesse toutes les facettes de cette
fonction. D’autres réflexions encore : celles de Jean-Philippe Rondelaud, concernant la recherche du maître, en nous et autour de nous, ou le compagnonnage spirituel à la lumière de l’enseignement prophétique, avec Khaled Maaroub.
D’initiation, il est question également avec Nuria Garcia Masip, qui s’est soumise durant des années à l’enseignement exigeant des maîtres calligraphes : Clara Murner en recueille le témoignage émouvant. Conscience Soufie en profite pour annoncer un prochain événement calligraphique avec Nuria, le dernier week-end de mai, à Paris. Une première ! Mais aussi une avant-première : se préparer en beauté au stage intensif d’arabe sur objectif spirituel qui se tiendra fin juillet-début août 2020 en Alsace.
Et puis, des cadeaux : les portraits de deux figures soufies hors du commun, l’une médiévale, l’autre contemporaine, que nous offrent Nelly Amri et Daoud Riffi. Tout d’abord celui de la grande sainte de Tunis, ‘Â’isha al-Mannûbiyya (m. 1267) – dont le tombeau fut détruit en octobre 2012 par les islamistes, mais reconstruit depuis – une figure spirituelle féminine haute en couleur et dépeinte avec brio. Ensuite, celui de Seyyed Hossein Nasr, « un intellectuel dans le siècle », à la destinée exceptionnelle. Enfin, une histoire d’amour : celle de Linda, qui, entre candeur et lucidité, nous retrace son chemin de vérité.
Pour finir, saluons le talent du photographe tunisien Nidhal Ben Cheikh dont les images animent, d’un article à l’autre, toute la revue : des paysages entre éternité et fugacité, des coupoles modestes, mais célestes. Et celui d’Amina Gril, dont les poèmes d’une éloquence subtile illustrent à merveille la thématique de la revue.
Conscience Soufie renouvelle ses remerciements chaleureux à tous les acteurs de cette revue, auteurs, relecteurs, graphiste, photographe et poétesse, tous bénévoles, ainsi que notre mécène qui offre une impression papier de si « claire » facture.
Belle lecture !
Néfissa Geoffroy
Retrouvez la Revue numéro 3 ici.