Le langage symbolique dans l’œuvre

d’Ibn ‘Arabî

Par Rim Feriani

Conférence avec Rim Feriani le 21 septembre 2021

Rim Feriani est Directrice des études à la Muhyiddin Ibn Arabi Society (MIAS). Elle a auparavant enseigné aux universités King’s College et Westminster de Londres. Retrouvez les prochains événements organisés par MIAS sur : https://ibnarabisociety.org/events/

Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî (1165-1240) est le « Grand Maître » (al-Shaykh al-akbar) de la spiritualité et de l’ésotérisme islamiques. Depuis son Andalousie natale jusqu’à Damas, dernière étape de sa pérégrination en ce monde, il a parcouru toutes les stations de la Voie soufie. Désigné comme le « Sceau muhammadien de la sainteté » – le « Sceau universel » étant, selon l’islam, Jésus – il était dès lors investi pour laisser une œuvre écrite aussi dense qu’abondante.

Vous pouvez retrouver un dossier spécial « Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî (1165-1240) » sur notre site : https://consciencesoufie.com/muhyi-al-din-ibn-arabi/

Rim Feriani nous a livré une lecture du langage symbolique dans l’œuvre d’Ibn ‘Arabî .

La conférence

Les références citées pendant la conférence :

Les Signes :
« Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur devienne évident que c’est cela (le Coran), la vérité. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit témoin de toute-chose ? »
[Coran 41: 53]

Al-Ta’wîl :
« Le ta’wîl est essentiellement compréhension symbolique, transmutation de tout le visible en symboles, intuition d’une personne ou d’une essence dans une Image qui n’est ni l’universel logique, ni l’espèce sensible, et qui est irremplaçable pour signifier ce qui est à signifier. Le symbole annonce un autre plan de conscience que l’évidence rationnelle ; il est le « chiffre » d’un mystère, le seul moyen de dire ce qui ne peut être appréhendé autrement ; il n’est jamais « expliqué » une fois pour toutes, mais toujours à déchiffrer de nouveau, de même qu’une partition musicale n’est jamais déchiffrée une fois pour toutes, mais appelle une exécution toujours nouvelle. »
Henry Corbin, L’imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn ‘Arabî, p19.

La Lumière :
« Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat ; son combustible vient d’un arbre béni : un olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans même que le feu ne la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut. Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient »
[Coran 24:35]
« Si vous ne possédiez pas de lumière visuelle, vous ne pourriez pas Le voir. Vous n’êtes donc témoins de Lui que par la lumière, et il n’y a pas d’autre lumière que Lui. Vous n’êtes témoins de Lui et ne le connaissez que par Lui, car Il est la Lumière des Cieux. »
William Chittick, Ibn Arabi dans The Self-Disclosure of God, 1998, p. 37, traduit de l’anglais par Rim Feriani.

La Miséricorde :
« Sache, mon frère – que Dieu te guide et te protège par Sa miséricorde – que le Jardin (…} est (déjà) visible aujourd’hui à travers son lieu, mais pas sa forme. Tu es donc dans le Jardin, transformé, mais tu ne sais pas que tu y es… »
Michel Chodkiewicz, Meccan Revelations, 2002, p.103, traduit de l’anglais par Rim Feriani.

Le Créateur :
« Créateur (badî‛) des cieux et de la terre, quand Il décrète un ordre, Il dit seulement à son propos : « Sois ! » et il est. »
[Coran 2: 117]

Les Illuminations de La Mecque, chapitre 339 :
« La science des inter-relations qui met les images en ordre entre elles-mêmes […] Ce sont ces images qui donnent à l’observateur la connaissance de leur essence »
« le visage du Réel se trouve à chaque pas »
Traduit de l’anglais par Rim Feriani.

Al-barzakh :
« Barzakh signifie tantôt « écran », « barrière », pour désigner l’obstacle, la séparation. Parfois il veut dire « voile », mais aussi « seuil », « entre-deux », suggérant l’idée de contiguïté et de contact, figurant un espace qui, tel un sas, permet le passage d’un lieu dans un autre, ou l’entremêlement de réalités auparavant distinctes. »
Souâd Ayada, L’islam des théophanies. Structures métaphysiques et formes esthétiques, thèse, 2016, page 262.

Les Illuminations de La Mecque, chapitre 63 :
« Adorez Dieu comme si vous Le voyiez »
« l’image que l’on voit dans le miroir »
« la personne voit les qualités et les caractéristiques (morales et spirituelles) »
« Et la personne du dévoilement spirituel voit déjà (ici), ce que le dormeur voit dans son état de rêve ou le mort voit après sa mort »
« De même, ils verront les formes de leurs actions être pesées dans l’autre monde »
« lorsque l’œil perçoit l’objet imagé et voit que sa forme et ses caractéristiques ne changent pas ; lorsqu’il ne voit pas cet objet imagé dans différents endroits en même temps »
« Tu dois donc savoir avec quel œil tu Le vois »
« Quand mon bien-aimé m’apparaît, de quel œil le vois-je? »
« De son œil, et non du mien, car nul ne le voit que Lui ! »
« Son œil – par lequel je Le vois »
Traduit de l’anglais par Rim Feriani.

Hadith qudsî « Qurb al-Nawâfil » :
D’après Abû Hurayra, l’Envoyé d’Allah a dit : « Le Très-Haut a dit : Quiconque est l’ennemi d’un Ami [wali] à Moi, Je déclare la guerre contre lui. Mon serviteur ne s’approche pas de Moi par une chose plus aimable à Moi que ce que Je lui ai imposé, et Mon serviteur ne cesse de s’approcher de Moi par les œuvres surérogatoires que Je l’aime davantage. Or, lorsque Je l’aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il attrape, son pied par lequel il marche. S’il Me demande quelque chose, Je le lui donne certainement, et s’il cherche refuge auprès de Moi, Je le lui accorde »
Rapporté par al-Bukhârî (n° 6502)