La « Réalité muḥammadienne » (al-Haqîqa al-muhammadiyya)
Commentée par le soufi marocain Ahmad Ibn ‘Ajîba (m. 1809). Adaptation et traduction : Eric Geoffroy

L’auteur, Mawlây ‘Abd al-Salâm Ibn Mashîsh (m. 1228) a choisi la voie de la retraite et du détachement du monde. Après avoir connu un « ravissement spirituel » (jadhb) à l’âge de sept ans, il a vécu en ermite au sommet du Jabal ‘Alam (« La‘lam »), où se trouve de nos jours son sanctuaire, dans les montagnes du Rif marocain, non loin de Tanger et de Tétouan. Sa tombe est en fait un arbre, l’arbre initiatique de la tarîqa Shâdhiliyya. Le cheikh n’a eu en effet qu’un seul disciple, mais quel disciple ! : Abû l-Hasan al-Shâdhilî. 

Al-ṣalât al-Mashîshiyya est le seul texte authentifié que nous lui connaissions. Cette formule de prière sur le Prophète développe très puissamment la doctrine métaphysique de la « Réalité muḥammadienne » (al-Haqîqa al-muhammadiyya). Maintes fois commentée, elle figure dans le wird des plus grands maîtres, est réputée pour ses nombreuses vertus spirituelles, et pour faciliter la vision du Prophète.

 ألصَّلاَةُ الْمَشِيشِيَّة – al-Salât al-Mashîshiyya

بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمْ

Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

إِنَّ الله وَمَلاَئِكَتَهُ يُصَلُّونَ عَلَى النَّبِي، يَاأَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا صَلُّوا عَلَيْهِ وَسَلِّمُوا تَسْلِيمَا

Oui, Dieu et Ses anges bénissent le Prophète. Ô vous, les croyants ! Priez pour lui et appelez sur lui le salut. (Coran 33 : 56) 

أَللَّهُمَّ صَلِّ عَلَى مَنْ مِنْهُ انْشَقَّتِ الأَسْرَارْ  –Ô Allâh ! prie sur celui de qui dérivent les secrets spirituels

  وَانْفَلَقَتِ الأَنْوَارْ

de qui jaillissent les lumières

Commentaire – Allahumma : par cette formule, tous les Noms divins sont invoqués, parce que la lettre mîm indique le pluriel. Les « secrets » étaient voilés, cachés, car Dieu s’y manifestait en tant que l’« Intérieur » (al-Bâtin). Lorsqu’Il voulut se manifester en tant que l’ « Extérieur » (al-Zâhir), il amena à l’existence une « poignée lumineuse » qu’il nomma Muhammad. Et c’est de cette poignée de lumière muhammadienne (al-qabda al-muhammadiyya) – appelée souvent « Lumière muhammadienne » (al-nûr al-muhammadî) ‒ que se sont constitués tous les éléments du cosmos. Il y eut alors formation, spatialisation, distinction, densification, figuration, contraction, expansion…tout cela à partir des attributs divins.

وَفِيهِ ارْتَقَتِ الْحَقَائِقْ

en qui se subliment les vérités

Commentaire – La Sharî‘a correspond au monde des formes, la Tarîqa à celui des consciences, et la Haqîqa à celui des secrets. Mais en fait, il n’y a que la Réalité (Haqîqa) qui soit, car il n’y a d’autre agent, d’autre être que Dieu.

 

وَتَنَزَّلَتْ عُلُومُ آدَمَ فَأَعْجَزَ الْخَلاَئِقْ

et en qui furent déposées les sciences d’Adam de sorte qu’il rendit les créatures impuissantes

Commentaire – Les créatures sont impuissantes à comprendre les secrets divins. L’humain devrait à cet égard se soumettre comme les anges l’ont fait. Concernant « les sciences d’Adam », Ibn ‘Ajîba affirme que la prosternation doit être faite pour Dieu, mais la qibla n’est autre qu’Adam (en tant qu’humain principiel, accompli).

 

وَلَهُ تَضَآءَلَتِ الْفُهُومُ فَلَمْ يُدْرِكْهُ مِنَّا سَابِقٌ وَلاَ لاَحِقْ

Les intelligences se rapetissent devant lui, et aucun de nous ne le comprit : ni ses devanciers, ni ses suivants

Commentaire – « Lui » : il s’agit du Prophète. Aucun humain n’a conscience des secrets divins qui ont été déposés en lui. Les hommes n’ont vu de lui que son extériorité, seul Dieu connaît son intériorité, c’est-à-dire la « Réalité muhammadienne » métaphysique dont Muhammad est investi. Ibn ‘Ajîba rapporte ce hadîth : « Par Dieu, seul mon Seigneur me connaît réellement ». Uways al-Qaranî déclara : «  Les Compagnons de Muhammad n’ont perçu de lui que son écorce apparente ».

فَرِيَاضُ الْمَلَكُوتِ بِزَهْرِ جَمَالِهِ مُونِقَة

Les jardins du monde spirituel sont ornés par la fleur de sa beauté

Commentaire – Le malakût, c’est le monde perçu par l’œil du cœur et la gnose, tandis que ce bas-monde (mulk) n’est perçu que par le regard sensible et l’illusion. Le premier est perçu par les gens dotés de la conscience unitive (jam‘), tandis que le second ne l’est que par les gens qui sont tributaires du monde de la séparation (farq).

 وَحِيَاضُ الْجَبَرُوتِ بِفَيْضِ أَنْوَاِرهِ مُتَدَفِّقَة

Et les bassins du monde de la Toute-Puissance débordent par le flux de ses lumières

Commentaire – En réalité, ce bas-monde, le monde spirituel et le monde de la Toute-Puissance (le monde divin) sont un seul et même lieu, qui est l’existence (al-wujûd) originelle et ramifiée. Simplement, le nom change en fonction du regard, c’est-à-dire en fonction du degré de conscience spirituelle !

وَلاَ شَيْءَ إِلاَّ وَهُوَ بِهِ مَنُوطْ

Il n’existe pas de chose qui ne soit reliée à lui

 إِذْ لَوْلاَ الْوَاسِطَة ُلَذَهَبَ كَمَا قِيلَ الْمَوْسُوطْ

Car, comme cela a été dit, n’était le médiateur, tout ce qui dépend de lui disparaîtrait

Commentaire – Comme l’affirme le hadîth qudsî : « N’eusse été toi, Nous n’aurions pas créé le cosmos » : law lak mâ khalaqnâ al-aflâk (hadîth validé notamment par l’imam al-Suyûtî . Rien n’existe dans les choses créées sans être attaché au Prophète, car il est le médiateur de tout ce qui provient du monde invisible. S’il n’y avait eu sa médiation entre Dieu et Sa création, l’univers serait resté dans son état de néant.

صَلاَةً تَلِيقُ بِكَ مِنْكَ إِلَيْهِ كَمَا هُوَ أَهْلُهْ

(Bénis-le, ô mon Dieu) par une bénédiction qui Te convient, de Toi à lui, selon qu’il en est digne.

Commentaire – Bénis-le, ô mon Dieu, par une prière suprême qui convienne à Ta suprématie et dont personne ne connaît la valeur si ce n’est Toi, une prière sans médiateur en raison de ce qu’il mérite comme vénération.

 أَللَّهُمَّ إِنَّهُ سِرُّكَ الْجَامِعُ الدَّالُ عَلَيْكْ

Ô Allah ! Il est Ton secret intégral qui englobe tout et qui Te démontre

Commentaire – L’entité spirituelle du Prophète contient toutes les qualités de la perfection, sa Loi englobe toutes les autres et le Livre descendu sur lui synthétise les précédentes révélations. Le Prophète est celui qui permet l’union et met en garde contre la dispersion.

وَحِجَابُكَ الأَعْظَمُ الْقَآئِمُ لَكَ بَيْنَ يَدَيْكْ

Il est Ton voile suprême dressé devant Toi, entre Tes mains

Commentaire – « Il est Ton secret dont Tu T’es réservé la connaissance et que Tu as déposé dans ce monde ». Le voile du Prophète a deux fonctions : la médiation entre Dieu et ceux qui entrent dans Sa présence, et la protection pour ceux qui ne peuvent supporter les lumières du monde divin (jabarût). Le Prophète a dit en ce sens : « Méditez sur les signes de Dieu, mais non sur Son Essence ! »

أَللَّهُمَّ أَلْحِقْنِي بِنَسَبِهْ

 Ô Allâh ! joins-moi à sa parenté

Commentaire – C’est-à-dire sa parenté à la fois charnelle et religieuse.

وَحَقِّقْنِي بِحَسَبِهْ

Réalise-moi par sa noblesse.

Commentaire – Il s’agit de la noblesse spirituelle. Les saints musulmans peuvent recevoir un héritage spirituel des différents prophètes : Noé, Abraham, Moïse, Jésus… Mais l’héritage muhammadien est plus complet, il réunit ce qui est disparate chez les autres prophètes.

 وَعَرِّفْنِي إِيَّاهُ مَعْرِفَةً أَسْلَمُ بِهَا مِنْ مَوَارِدِ الْجَهْلْ

Et fais-le moi connaître par une connaissance qui m’épargne les abreuvoirs de l’ignorance

وَأَكْرَعُ بِهَا مِنْ مَوَارِدِ الْفَضْلْ

et qui me désaltère par les eaux de la grâce

Commentaire – Le cheikh a demandé la connaissance du Prophète car elle est le médiateur, et on n’entre chez Dieu que par sa porte. L’accès aux océans des sciences religieuses et des secrets seigneuriaux ne peut se réaliser que par la grâce.

 وَاحْمِلْنِي عَلَى سَبِيلِهِ إِلَى حَضْرَتِك

Porte-moi dans sa voie vers Ta présence,

 حَمْلاً مَحْفُوفاً بِنُصْرَتِكْ

 Enveloppé de Ton secours

Commentaire – Le cheikh demande de cheminer dans la voie des soufis (al-qawm) jusqu’à ce qu’il voie de façon permanente la beauté de La présence. Cela implique un cheminement, une progression des attributs de l’âme jusqu’à celle du secret initiatique.

 وَاقْذِفْ بِي عَلَى الْبَاطِلِ فَأَدْمَغَهْ

Frappe par moi sur ce qui est vain afin que je l’anéantisse

Commentaire – Tout ce qui n’est pas Dieu est vain, et disparaît aux yeux des êtres réalisés. Comme le dit Ibn ‘Atâ’ Allâh dans plusieurs Hikam, ce qui nous voile du Réel est de croire en l’existence de quelque chose d’autre existant avec Lui, et qui n’est en définitive qu’illusion.

وَزُجَّ بِي فِي بِحَاِر الأَحَدِيَهْ

Plonge-moi dans les océans de l’Unicité,

Commentaire – L’Unicité en question ici est celle que goûtent les spirituels, et non celle professée par les théologiens, c’est-à-dire ceux qui utilisent les arguments du mental et sont voilés à la Réalité.

وَانْشُلْنِي مِنْ أَوْحَالِ التَّوْحِيدْ

Et tire-moi du bourbier du Tawhîd,

Commentaire – L’expression est bien sûr paradoxale, elle provoque à première vue notre conscience. Pour Ibn ‘Ajîba, la confusion [le « bourbier »] peut naître ici de deux côtés opposés. Soit on pourvoit ce qui est autre que Dieu (al-siwâ) d’une réalité, et c’est la croyance du commun des croyants musulmans – qui n’ont pas saisi le pur Tawhîd. Soit on croit en l’incarnation de Dieu dans la créature (hulûl), ce qui n’est pas conforme à la perspective islamique.

وَأَغْرِقْنِي فِي عَيْنِ بحْرِ الْوَحْدَة

et plonge-moi dans la source pure de l’océan de l’Unicité,

Commentaire – Il demande ici à être absorbé complètement dans la vision de la pure Essence.

حَتَّى لآ أَرَى وَلآ أَسْمَعَ وَلآ أَجِدَ وَلآ أُحِسَّ إِلاَّ بِهَا

afin que je ne voie, ni n’entende, ni n’aie conscience, ni ne sente que par elle.

 Commentaire – C’est là la station de l’extinction de la conscience individuelle dans la Présence (al-fanâ). Le cheikh demande à ce que tous ses sens (la vision, l’ouïe, la sensation, etc.) soient reliés à l’Essence divine. Il faut ici citer le célèbre hadîth qudsî : « … Lorsque Je l’aime [mon serviteur], je deviens l’ouïe par laquelle il entend, la vue par laquelle il regarde, la main avec laquelle il saisit et le pied avec lequel il marche ». C’est le principe même de ce que René Guénon appelle l’Identité suprême.

 وَاجْعَلِ الْحِجَابَ الأَعْظَمَ حَيَاةَ رُوحِي

Fais du Voile suprême la vie de mon esprit, 

Commentaire – Le « Voile suprême », c’est le Prophète. Celui qui nie le médiateur se noie dans l’océan de l’Unicité : il n’observe plus la Loi donnée par le Prophète et devient impie ; son esprit meurt. À l’inverse, celui qui reconnaît le médiateur et sa sagesse voit son esprit vivifié : son intérieur est alors liberté et son extériorité servitude ; son intériorité ravissement, et son extériorité cheminement, etc. Ce qui est désigné ici comme le « « médiateur » n’est autre que la poignée lumineuse (al-qabda al-nûraniyya) qui est apparue du monde divin, s’est condensée, et qui fut appelée « Muhammad ».

 وَرُوحَهُ سِرَّ حَقِيقَتِي

et de son esprit le secret de ma réalité,

 Commentaire – C’est-à-dire : fais que par la contemplation de son esprit j’accède au secret de ma réalité, et que mon esprit devienne pur secret, car la réalité spirituelle de l’homme c’est son esprit.

 وَحَقِيقَتَهُ جَامِعَ عَوَالِمِي بِتَحْقِيقِ الْحَقِّ الأَوَّلْ

et de sa réalité tous mes mondes, par la réalisation de la vérité première,

 Commentaire – Car le fait de contempler le Prophète dans sa totalité, c’est-à-dire dans son extériorité et son intériorité, mène à la complétude de la réalisation spirituelle. Tout cela s’inscrit dans la « Réalité muhammadienne », qui n’est autre que la « poignée » issue du monde divin. L’extériorité du Prophète est le monde sensible (mulk), son intériorité est le monde spirituel (malakût), et la synthèse des deux est le monde divin (jabarût). L’imitation du Prophète est donc véritablement une ascension initiatique.

… par la réalisation de la vérité première : c’est-à-dire la contemplation originelle du Seigneur dans le monde des esprits, le jour de « Ne suis-Je point votre Seigneur ? » (Coran 7 : 172), et l’immersion dans l’Unicité. Réalise ceci maintenant en moi, pour que je m’en imprègne.

يَآ أَوَّلُ يَآ آخِرُ يَا ظَاهِرُ يَابَاطِنْ

Ô Premier ! Ô Dernier ! Ô Apparent ! Ô Caché !

 Commentaire – Ô Premier avant toute chose ! Ô Dernier avant toute chose ! Ô Apparent au-dessus de toute chose ! Ô Caché sous toute chose ! Son Nom l’Apparent efface la manifestation de tout autre que Lui, car il n’y a aucun « apparent » si ce n’est Lui. Et son Nom le Caché nécessite la manifestation de Ses théophanies, car s’Il restait dans l’intériorité, Il ne serait ni connu ni adoré. Dans ses Hikam, Ibn ‘Atâ’ Allâh écrit : « Parce qu’Il est le Caché Il fait apparaître toute chose. Mais étant l’Apparent, Il résorbe l’être de toute chose ». Tout ce qui apparaît est donc Lui, Lui, et tout ce qui est caché est donc Lui, Lui !

  ﴾إِسْمَعْ نِدَآئِي بِمَا سمِعْتَ بِهِ نِدَآءَ عَبْدِكَ زَكَرِيَاءْ ﴿عَلَيْهِ السَّلاَمْ

Ecoute mon appel comme Tu as écouté celui de Ton serviteur Zacharie (sur lui la paix),

 Commentaire – Exauce ma prière aussi rapidement que Tu as miraculeusement répondu à Zacharie quand tu lui as accordé une progéniture, en dépit de son vieil âge. Il y a ici une allusion à la demande de l’héritier spirituel. C’est comme si le cheikh Ibn Mashîsh craignait qu’on ne puisse plus bénéficier de lui après sa mort. Dieu a exaucé sa prière en lui accordant Abû l-Hasan al-Shâdhilî, qui a hérité de son secret et a propagé la Voie dans le monde entier. Le mérite en revient à son maître.

وَانْصُرْنِي بِكَ لَكْ

Secoure-moi par Toi pour Toi,

وَأَيِّدْنِي بِكَ لَكْ

et soutiens-moi par Toi pour Toi,

 Commentaire – Renforce-moi et aide-moi par Toi directement, non par le biais de quelque médiateur, afin que je sois ton fidèle serviteur. Quand l’aide, en effet, vient par le biais d’un médiateur, l’âme risque d’aimer ce médiateur et d’être ainsi voilée. Le « secours » vient par la bonne conjonction des causes secondes, et le « soutien » par la levée des voiles.

 وَاجْمَعْ بَيْنِي وَبَيْنَكْ

et unis-moi à Toi,

 وَحُلْ بَيْنِي وَبَيْنَ غَيْرِكْ

et sépare-moi de ce qui n’est pas Toi.

 Commentaire – Le cheikh Ibn Mashîsh demande ici à ce que cette « union » spirituelle soit permanente, car en vérité elle lui est déjà acquise. L’union est la contemplation permanente de la Seigneurie, tandis que la séparation est la vision de la servitude en mode duel [Dieu et le créaturel] de façon permanente. Le cheikh d’Ibn ‘Ajîba disait souvent : « Ce n’est que l’illusion (al-wahm) qui voile Dieu aux humains. Et l’illusion est un pur néant, elle n’a aucune consistance ! »

 آلله، آلله، آلله

Allāh ! Allāh ! Allāh !

 Commentaire – Le cheikh répète le nom Allâh trois fois en fonction des trois mondes : le monde de l’incarnation (mulk), le monde spirituel (malakût) et le monde divin (jabarût). Chaque fois qu’il s’élève d’un monde à un autre il anéantit le précédent, pour s’établir dans le monde divin. Rappelons que l’invocation du nom Allâh est un pilier de la voie Shâdhiliyya.

 إِنَّ الَّذِي فَرَضَ عَلَيْكَ الْقُرْآنَ لَرآدُّكَ إِلىَ مَعَادْ

 « En vérité, Celui qui t’a imposé le Coran te ramènera au terme promis » (Coran 28 : 85).

 رَبَّنَا آتِنَا مِنْ لَدُنْكَ رَحْـمَة ًوَ هَيِّئْ لَـنَا مِنْ أَمْرِنَا رَشَدَا(3 fois)

« Notre Seigneur ! accorde-nous une miséricorde venue de Toi et assure-nous une conduite droite ! »

 Commentaire – Il s’agit de l’invocation des « Gens de la Caverne » (ahl al-kahf), qui ont fait une longue retraite. Il s’en est inspiré pour sa propre retraite, au sommet de la montagne A‘lam.

 إِنَّ اللهَ وَمَلاَئِكَتَهُ يُصَلُّونَ عَلَى النَّبِي يَا أَيُّهَا الذِّينَ آمَنُـوا صَلّـوا عَلَيْهِ وسَلِّمُوا تَسْلِيمَا

« En vérité Allāh et Ses anges bénissent le Prophète. Ô vous qui avez la foi, priez sur lui et appelez sur lui le salut » (Coran 33 : 56).

صَلَوَاتُ اللهِ وَسَلاَمـُهُ وَتَحِيَّاتُهُ وَرَحْمَتُهُ وَبَرَكَاتُهُ عَلَى سَيِّـدِنَا مُحَمَّدٍ عَبْـدِكَ وَنَبِيـكَ وَرَسُولِكَ النَّبِي الأُمِّي وَعَلَى آلِهِ وَصَحْبِهِ عَدَدَ الشَّفْعِ وَالْوَتْرِ وَعَدَدَ كَلِمَاتِ رَبِّنَا التَّامَاتِ الْمُبَارَكَاتْ

Que la prière, la paix, les salutations, la miséricorde et les bénédictions soient sur notre Maître Muhammad, Ton serviteur et Ton Envoyé, le Prophète « surlettré[1] » ; ainsi que sur les siens, ses compagnons à la mesure des Paroles sublimes et bénies de notre Seigneur.

 سُبْحَانَ رَبِّكَ رَبِّ الْعِزَّةِ عَمَّا يَصِفُونْ وَسَلاَمٌ عَلَى المُرْسَلِينَ وَالحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينْ

« Gloire à ton Seigneur !

Le Seigneur de la Toute-Puissance, très éloigné de ce qu’ils imaginent ! Paix aux Prophètes !

Louange à Dieu, le Seigneur des mondes » (Coran 37 : 180-182).

[1] Dans le cas du prophète Muhammad, le terme ummî ne signifie pas « illettré », mais au contraire « surlettré » : il est l’humain qui, non corrompu par la culture humaine, est resté dans l’état de pureté spirituelle dans lequel sa mère (umm) l’a mis au monde ; l’humain qui, transparent à Dieu, peut recevoir la science divine sans intermédiaire.