L’émir Abd el-Kader est tout à la fois : un symbole édifiant de la conscience nationale algérienne, un inspirateur audacieux de la réforme religieuse et spirituelle, un précurseur du droit humanitaire international, un chantre de la tolérance revendiqué comme l’un des leurs par les humanistes européens, et le pivot du mouvement de transmission de l’héritage spirituel d’Ibn  ‘Arabî. Certains ont même avancé l’idée qu’il aurait pu être le nouveau calife de l’islam, un guide éclairé de l’ensemble de la communauté des fidèles.

EXTRAIT: « En homme véritablement libre, l’émir ne s’interdisait jamais de se remettre en question lorsque sa quête scrupuleuse de la vérité le lui imposait. Être de paradoxe, il avait la particularité d’être là où on l’attendait le moins. Ses transformations successives qui, juxtaposées, semblent s’opposer et son éclectisme assumé, souvent déroutant, ne remettent jamais en cause le noyau spirituel sur lequel est arrimée toute son existence. Au-delà de sa personne, Abd el-Kader semble préfigurer l’humain ( humanitas ) dans toute sa plénitude et dans lequel matérialité et spiritualité, corps et esprit, s’harmonisent ( nizâm ) et s’équilibrent ( mîzân ). N’est-ce pas là le portrait même de l’Homme universel ( insân al-kâmil ), cher aux soufis, modèle parfait vers lequel le dessein divin  conduit l’humanité en l’arrachant progressivement à ses instincts de prédation ? »

Article paru dans le dernier numéro d’Ultreïa, disponible dans les kiosques.

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