Poème de Hussein Mansour al- Hallaj

Wa-Llâhi mâ tala’at shamsun wa lâ gharubat –                             Dieu en témoigne ! Qu’aucun soleil ne se lève ni se couche

Source :  Hussein Mansour al- Hallaj, Poèmes mystiques , traduits et présentés par Mahmoud Sami-Ali,  Actes Sud. p. 11.

Poèmes mystiques

Fulgurante figure de la mystique en Islam, Hussein Mansour al-Hallâj appartient à cette rare pléiade de poètes pour qui la poésie fait un avec la pensée. Cela ne saurait se produire que si la poésie est sublime et la pensée profonde. Cependant, puisque Hallâj est avant tout un mystique, un des plus grands de tous les temps, l’unité de la pensée et de la poésie chez lui trouve sa justification dans une expérience de la totalité qui sert à exprimer une relation unique à l’Unique. Expérience non mutilée, non mutilante, où l’âme coexiste avec le corps, la raison avec ce qui la nie, la finitude de la mort avec l’horizon de la résurrection, et où le cœur et l’imagination, portés par cette force transfiguratrice qu’est l’amour, deviennent des moyens de connaissance, des sens véritables. La poésie est inséparable de la vie, une vie tout entière tournée vers l’Unique, Lequel unifie mais dans le déchirement, fait accéder au vrai mais dans la contradiction, permet de Le retrouver et de se retrouver mais dans le dépassement de tout. La poésie, chez Hallâj, est la forme suprême que, provisoirement, juste avant le silence ultime, la pensée prend quand elle doit se dépasser dans l’indépassable.

Source : Poèmes mystiques traduit et présenté par Mahmoud Sami-Ali, Actes Sud. p. 11.

Vous retrouverez ci-dessous le poème chanté par plusieurs interprètes, puis du texte du poème en arabe et de sa traduction française par Mahmoud Sami-Ali.

Traduction des cinq premiers vers du poème par Mahmoud Sami-Ali

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Dieu en témoigne ! Qu’aucun soleil ne se lève ni se couche
Sans que Ton amour soit uni à mes souffles

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Et que je ne m’isole pour m’entretenir avec autrui
Sans que Tu ne sois mon entretien avec autrui

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Et que triste ou joyeux je ne T’invoque
Sans que Tu sois dans mon coeur parmi mes doutes

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Et que de soif je ne m’apprête à boire de l’eau
Sans que je voie une image de Toi dans ma coupe

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Ah ! si je pouvais, j’irais à Toi
Courant sur le visage ou marchant sur la tête
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Poème de Hussein Mansour al-Hallâj : 
والله ما طلعت شمس ولا غربت » الحسين بن منصور الحلاج »

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وَاللَه ما طَلَعَت شَمسٌ وَلا غَرُبَت
إِلّا وَحُبُّكَ مَقرونٌ بِأَنفاسي

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وَلا خَلَوْتُ إِلى قَومٍ أُحَدِّثُهُم
إِلّا وَأَنتَ حَديثي بَينَ جُلّاسي

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وَلا ذَكَرتُكَ مَحزوناً وَلا فَرِحاً
إِلّا وَأَنت بِقَلبي بَينَ وَسواسي

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وَلا هَمَمتُ بِشُربِ الماءِ مِن عَطَشٍ
إِلّا رَأَيتُ خَيالاً مِنكَ في الكَأسِ

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وَلَو قَدَرتُ عَلى الإِتيانِ جِئتُكُمُ
سَعياً عَلى الوَجهِ أَو مَشياً عَلى الرَأسِ

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وَيا فَتى الحَيِّ إِن غَنّيتَ لي طَرَباً
فَغَنّنّي وَأَسَفاً مِن قَلبِكَ القاسي

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مالي وَلَلناسِ كَم يَلحونَني سَفَهاً
ديني لِنَفسي وَدينُ الناسِ لِلناسِ

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Extrait de Poèmes mystiques traduit et présenté par Mahmoud Sami-Ali, Actes Sud. p. 11 Vous pouvez retrouver cet ouvrage sur le site Actes sud ici.