Hommage à Jean René Huleu
Jean René Huleu nous a quittés lundi 15 juillet 2024, au soleil couchant, au dixième jour du mois sacré de Muharram, le jour de Achura précisément, un temps de félicité et de délivrance, selon le calendrier islamique. Il avait 87 ans, c’était un être discret et bienveillant, animé d’une foi profonde et juvénile. Jean René sera enterré aujourd’hui, mardi 23 juillet, dans le Lot, au village d’Orniac, son lieu de retraite pour l’éternité.
Ancien journaliste et reporter, notamment à Libération, dont il fut l’un des fondateurs, Jean René Huleu est surtout connu en tant que spécialiste d’Isabelle Eberhardt, au même titre que sa compagne durant quarante-deux ans, Marie-Odile Delacour. Ils lui ont consacré une partie de leur vie, sont allés sur ses traces dans le désert d’Algérie, se sont laissés guider par l’absolu de sa foi : « Suivre les traces d’Isabelle Eberhardt sur les pistes sahariennes et dans l’écriture de ses manuscrits nous a ouvert la Voie, nous projetant dans une aventure spirituelle que nous étions loin de pouvoir imaginer ». En effet, cette jeune femme, née en Suisse en 1877, fut une des premières Européennes à être initiée au soufisme : attirée par la poésie orientale et les grands espaces du « Dâr al-Islam », ce monde musulman qui la fascine et qu’elle parcourt à cheval vêtue en cavalier arabe, elle découvre la spiritualité soufie, et devient disciple de grands cheikhs sahariens de son époque, avant de mourir noyée, en plein désert, à 27 ans.
Jean René et Marie-Odile ont publié ensemble plusieurs ouvrages la concernant : dont Sables, le roman d’Isabelle Eberhardt, chez Liana Levi, 1986 ; Un amour d’Algérie, aux Éditions Joëlle Losfeld, 1999 ; Le voyage soufi d’Isabelle Eberhardt, Joelle Losfeld, 2008. En outre, ils ont permis la réédition de la totalité de son œuvre foisonnante, qu’ils ont préfacée, sous le titre Écrits sur le sable, aux éditions Grasset, 1990.
Ils sont également à l’origine de la création de l’association Les amis d’Eva Vitray de Meyerovitch, traductrice française de Jalâl al-Dîn Rûmi, le grand maitre soufi, et notamment de son œuvre majeure, le Mathnawî. Tous deux en animent d’ailleurs, depuis des années, des cercles de lecture, à la lumière de l’enseignement de Madame Nûr Artiran, spécialiste turque de Rûmi et commentatrice autorisée par les maîtres de la Voie mevlevi.
Nous vous recommandons la lecture de leur témoignage, très touchant « Rencontre sur rencontre » paru dans la revue Conscience Soufie n°4.
https://www.calameo.com/read/007294180361a4e13db8f
Que Dieu l’enveloppe de Son immense miséricorde !
Conscience Soufie exprime à Marie-Odile Delacour sa profonde compassion et son soutien indéfectible.