Une main secourable

Par Conscience Soufie

Événement rapporté par M. Muhammad Hassan Chadli

Dans le cadre du cycle que Conscience Soufie programme cet automne 2025 en hommage à René Guénon (né en 1886 à Blois – mort en 1951 au Caire), il nous a semblé opportun de mentionner un épisode relativement peu connu de sa vie, survenu alors qu’il n’avait pas encore vingt ans. Cela se passe donc avant son entrée en islam et son rattachement au soufisme en 1911, bien avant son installation au Caire en 1930.   

Cet événement met en scène le Cheikh Salâma Râdi, chef d’une tariqa soufie basée au Caire, issue de la voie shadhilie : il fera sa connaissance peu de temps après son arrivée en Égypte, se rattachera à lui un peu plus tard, et le fréquentera jusqu’à son décès en 1940. Cette histoire illustre de manière frappante l’assistance providentielle accordée par l’islam, en la personne du Cheikh, à celui à qui il reviendra de ressusciter l’idée traditionnelle en Occident.

Voici les faits.

Le jeune René Guénon « se promène seul dans une forêt proche de Blois, au plus tard à la fin de ses études secondaires. La pluie commence à tomber, et c’est à ce moment-là qu’il glisse dans un trou suffisamment profond d’où il ne peut sortir. La pluie redouble, rendant glissantes les parois, et la sortie impossible. De plus l’obscurité s’accentue avec l’arrivée du crépuscule. Les probables appels à l’aide sont restés peine perdue. C’est alors qu’une main surgit, qui le saisit fermement, et le voilà soudain soulevé et tiré hors du trou. Le temps de retrouver ses esprits, l’inconnu a déjà disparu.

Des années plus tard, âgé de plus de quarante ans, ‘Abd el-Wâhid Yahyâ[1] est au Caire. Bientôt, rencontrant pour la première fois le Cheikh Salâma Râdi, il sera pris d’un tremblement, et, dans un état, s’exclamera : « Hâdhihi ! Hâdhihi ! C’est elle ! C’est elle ! » reconnaissant probablement la main qui l’avait secouru dans sa jeunesse. »[2]

[Le Cheikh lui fit alors discrètement signe de venir s’assoir près de lui et de ne rien dire.][3]

Événement rapporté par M. Muhammad Hassan Chadli.

[1] Nom musulman de René Guénon (note de Conscience Soufie).

[2] En arabe, yad (main) est du genre féminin. Nous avons entendu cette « anecdote » lors d’une conférence publique donnée à Paris par le fils du Cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ, puis par une autre source d’ordre privé (note de l’auteur M. Muhammad Hassan Chadli).

[3] Information provenant d’une source privée (note de l’auteur M. Muhammad Hassan Chadli).